Argentine : 1er pays au monde à autoriser le blé OGM avec une entreprise française

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Pour la première fois, l’Argentine s’illustre en tant que pionnière mondiale en approuvant la culture et la vente d’un blé génétiquement modifié.

Jusqu’à présent, le soja et le maïs génétiquement modifié ont été largement cultivés en Argentine, mais le blé n’était pas encore concerné. Cependant, ce pays d’Amérique du Sud, qui est quatre fois plus vaste que la France, a décidé de franchir ce pas, en utilisant une molécule dénommée HB4, déjà exploitée pour le soja. Les travaux de recherche nécessaires ont été menés pendant plus d’une décennie et ont été initiés par Raquel Chan, une chercheuse ayant complété son doctorat à l’université de Strasbourg.

Des essais réalisés sur environ 6 000 hectares dans une trentaine de localités au sein de l’Argentine ont démontré que ce blé génétiquement modifié présente une meilleure résistance au stress hydrique. En d’autres termes, il s’acclimate plus efficacement aux conditions de sécheresse, affichant un rendement supérieur de 16 à 20 % comparé aux variétés de blé traditionnelles. Bien sûr, ce processus a nécessité l’obtention de multiples certifications, la dernière ayant été délivrée le 8 octobre par le conseil national scientifique et technique à Buenos Aires, le Conicet. Ainsi, l’Argentine se positionne en tant que premier pays au monde à choisir de cultiver ce type de blé, un choix qui suscite déjà un débat controversé.

L’implication de Florimond Desprez dans le projet

Une entreprise française joue un rôle clé dans ce projet. En effet, l’Argentine a formé deux coentreprises pour avancer dans ce domaine : l’une en collaboration avec des partenaires américains et l’autre avec la société française Florimond Desprez, située à Cappelle-en-Pévèle, près de Lille, dans le nord de la France. Bien que cette entreprise familiale ne soit pas largement connue du grand public, elle se classe au 14e rang mondial des entreprises semencières, employant près de 1 200 personnes et intervenant dans 65 pays. La recherche sur de nouveaux types de blé, d’orge et de betterave est l’une de ses spécialités. Pour cette initiative, elle s’associe à l’entreprise argentine Bioceres.

Les enjeux commerciaux face au Brésil

L’enjeu commercial est particulièrement important pour l’Argentine, qui est le sixième exportateur mondial de blé, avec plus de 14 millions de tonnes envoyées vers près de 40 pays à travers le monde. Bien que l’Argentine exporte encore davantage de soja et de maïs, la part du blé dans le marché extérieur ne cesse de croître. Cela fait près de trois décennies que l’Argentine a adopté les OGM, devenant ainsi le premier exportateur mondial d’huile de soja transgénique et le deuxième pour le maïs transgénique. Plus de la moitié des surfaces agricoles du pays sont désormais consacrées aux cultures OGM.

Avec cette autorisation de cultiver du blé génétiquement modifié, l’objectif est d’étendre cette dynamique au blé. Pour y parvenir, l’Argentine devra convaincre son important voisin du Nord, le Brésil, qui demeure son principal client. Actuellement, le Brésil se fournit essentiellement en blé auprès de l’Argentine. Cependant, un obstacle majeur pourrait résider dans la réticence des Brésiliens à adopter le blé OGM. D’une part, les relations politiques entre les deux pays sont tendues ; d’autre part, l’idée que les consommateurs brésiliens consomment du blé génétiquement modifié pourrait engendrer des réserves. Des scientifiques argentins ont d’ailleurs exprimé leurs préoccupations récemment, soulignant que l’autorisation de ce blé OGM pourrait représenter un risque commercial important, au-delà même des questions de santé associées.