Inquiétude des écologistes face au flou réglementaire des nouveaux OGM en Europe

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Cette semaine, l’Union européenne (UE) va examiner les règles concernant les « nouvelles techniques de modification génétique », un procédé jugé capable de « sauvegarder » les cultures, mais qui suscite une vive opposition de la part des organisations écologistes.

Une action de Greenpeace s’est déroulée le 26 avril dernier devant le ministère de la Transition écologique à Paris. L’objectif était de sensibiliser le public à la vulnérabilité de la réglementation concernant les « nouveaux OGM ». Un rapport de la Commission européenne, prévoyant un bilan de la situation, est attendu cette semaine. Les ONG expriment de vives inquiétudes face à un éventuel assouplissement des normes en vigueur.

Produire des plantes naturellement résistantes aux virus

La technologie utilisée pour créer ces « nouveaux OGM » repose sur la mutagenèse, une méthode qui a connu une forte évolution depuis les années 2000. Elle consiste à effectuer des modifications précises du génome d’une plante. La principale distinction avec les « OGM traditionnels » réside dans le fait qu’aucun segment d’ADN provenant d’autres espèces végétales n’est incorporé.

Les modifications apportées permettent, par exemple, d’éviter que certaines pommes ne brunissent ou d’adapter les plantes à des conditions de sécheresse ainsi qu’à des attaques virales. « Le défi est d’obtenir des plantes qui sont naturellement résistantes aux virus, ce qui nous éviterait de devoir leur appliquer des traitements pour prévenir les maladies », déclare Jean-Luc Gallois, directeur de recherche à l’Institut national de recherche agronomique (INRAE). « Ainsi, nous imiterions des mécanismes de résistance qui ont été développés naturellement au fil de l’évolution des végétaux. »

Les risques d’effets indésirables

Actuellement, la France est encore dans une phase de recherche. En revanche, Greenpeace souligne que les États-Unis sont déjà passés à l’étape de la commercialisation pour des cultures comme le colza et le soja. « Le problème majeur avec ces nouveaux OGM, c’est que l’utilisation de techniques pouvant modifier le génome peut engendrer de nombreuses erreurs génétiques », affirme Suzanne Dalle, responsable de la campagne « agriculture » chez Greenpeace. Cette possibilité d’effets non souhaités pourrait amener « la plante à produire des allergènes ou des toxines qu’elle ne produisait pas auparavant, ou à modifier la quantité de ces substances. »

Les préoccupations de plusieurs opposants aux organismes génétiquement modifiés concernent le risque que ces « nouveaux OGM » échappent à la réglementation actuelle. Une loi européenne en vigueur depuis 2001 impose déjà certaines restrictions, mais n’a pas encore intégré cette nouvelle génération d’OGM. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ainsi que le Conseil d’État français considèrent que ces méthodes devraient être classées comme des OGM. Toutefois, le rapport à venir de la Commission européenne devrait faire le point sur la question à la fin de la semaine. Récemment, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, a plaidé en faveur de la sélection variétale. Cette déclaration a suscité la réaction de Greenpeace, qui exige une clarification de la part de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.